Le Devenir cochon de Wim Delvoye

Pierre Sterckx inaugure avec Le Devenir cochon de Wim Delvoye et Hans Holbein. Outrages à la représentation une série d'études consacrées à des artistes majeurs (les deux prochains porteront sur Gilbert & George et sur Jean-Michel Basquiat) suivant une approche résolument deleuzienne. Il ne s'agit pas seulement ici de mobiliser des « images-concepts » mais surtout d'expérimenter une manière d'écrire avec la peinture plutôt que sur ou à propos d'elle.

L'humour de l'art moderne refuserait le rôle classique de double spéculaire, l'oeuvre de l'artiste belge Wim Delvoye ne propose ainsi aucun miroir complaisant. Un cochon tatoué n'est pas une chair vulgaire, de la viande déjà jambon. Plutôt que d'humour, il s'agit de comique festif et de truculence primitive à la Brueghel (ou Rabelais). Avec l'humour, précise Pierre Sterckx, les images les plus audacieuses ont tendance à se détacher de leur référent. Le devenir-animal de Wim Delvoye est tout le contraire: refusant la régression sacrificielle comme l'obscénité insoutenable, il échappe à la messe et au cloaque si présents dans nombre de courants dominants de l'art contemporain.